Le cancer de la prostate est l’un des cancers les plus fréquents chez l’homme, en particulier après 50 ans. Bien que la génétique joue un rôle, de nombreuses études ont mis en évidence l’impact important du mode de vie, notamment de l’alimentation. Une alimentation adaptée pourrait prévenir jusqu’à 30 à 40 % des cas selon certaines estimations.
Rôle de l’alimentation dans le développement du cancer de la prostate
Des facteurs environnementaux, notamment l’alimentation, semblent fortement influencer la survenue du cancer de la prostate. Les populations d’Asie, qui consomment traditionnellement peu de graisses animales, présentent des taux plus faibles de cancer de la prostate comparativement aux populations occidentales. Plusieurs mécanismes biologiques jouent aussi un rôle important.
- Oxydation et inflammation chronique : certains aliments riches en antioxydants réduisent le stress oxydatif, un facteur de mutation cellulaire.
- Hormones sexuelles : l’alimentation influence la synthèse des androgènes et des œstrogènes, qui jouent un rôle crucial dans la croissance tumorale.
- Insuline et IGF-1 : une alimentation riche en glucides raffinés et en protéines animales stimule la production d’IGF-1, un facteur associé à la croissance tumorale.
Nutriments et aliments protecteurs
- Lycopène
Le lycopène, un antioxydant présent surtout biodisponible dans la tomate cuite, a montré un effet protecteur potentiel. Il neutralise les radicaux libres.13 % de réduction du risque de cancer de la prostate pour les hommes consommant >10 portions/semaine de tomates.
- Acides gras oméga-3
Les oméga-3 à longue chaîne, présents dans les poissons gras (saumon, maquereau, sardine), ont des effets anti-inflammatoires et inhibent l’angiogenèse tumorale.
- Soja et isoflavones
Les isoflavones, comme la génistéine, sont des phytoestrogènes présents dans les produits à base de soja. Les isoflavones modulent l’activité hormonale et inhibent les cellules tumorales prostatiques.
- Vitamine D
Une carence en vitamine D pourrait être associée à un risque accru. L’exposition modérée au soleil et une alimentation riche en vitamine D (poisson, œufs, produits laitiers enrichis) peuvent être bénéfiques.
- Polyphénols (thé vert, curcuma, baies)
Le thé vert contient l’EGCG, un puissant inhibiteur de la croissance tumorale. Le curcuma (curcumine) a montré des effets anti-prolifératifs in vitro.
- Légumes crucifères (brocoli, chou, chou kale)
Éléments alimentaires à limiter
- Graisses saturées et viande rouge
Une alimentation riche en graisses animales et en viande rouge (surtout grillée ou transformée) a été associée à un risque accru de cancer de la prostate. Riche en fer héminique et composés nitrosés.
Les modes de cuisson à haute température (gril, barbecue) produisent des substances cancérigènes connues.
Les graisses saturées favorisent l’inflammation et le surpoids. Un régime alimentaire riche en produits transformés est associé à une incidence plus élevée du cancer de la prostate.
- Produits laitiers riches en calcium
Une consommation excessive de produits laitiers, en particulier riches en calcium, pourrait être liée à un risque accru (>2000 mg/jour), possiblement par inhibition de la synthèse de vitamine D active qui a des propriétés antitumorales.Ainsi, les produits laitiers riches en calcium sont à consommer avec modération.
- Alcool
La consommation excessive d’alcool peut être un facteur de risque indirect via des mécanismes inflammatoires et hormonaux.
- Sucres rapides et surcharge calorique
Une hyperglycémie chronique stimule la voie de signalisation IGF-1, favorisant la prolifération cellulaire.
Recommandations pratiques
- Consommer au moins 5 portions de fruits et légumes par jour, en privilégiant les tomates, brocolis, et légumes crucifères
- Intégrer des sources régulières de poissons gras (2 fois par semaine).
- Réduire la consommation de viandes rouges et de charcuteries.
- Opter pour des graisses végétales (huile d’olive, noix).
- Consommer modérément des produits à base de soja (tofu, lait de soja).
- Maintenir un poids santé et pratiquer une activité physique régulière.
- Favoriser les légumineuses (lentilles, pois chiches)
- Opter pour le thé vert
Conclusion
L’alimentation joue un rôle modifiable important dans la prévention du cancer de la prostate. Une alimentation de type méditerranéen, riche en végétaux, en poissons gras et en aliments non transformés et pauvre en graisses animales et en sucres rapides, semble la plus protectrice selon les données actuelles. La prévention repose aussi sur l’adoption d’un mode de vie sain global, qui agit sur plusieurs mécanismes biologiques impliqués dans la carcinogenèse prostatique.
Éric Gougaud